Vous vous posez peut-être cette question…

L’équipe soignante est toujours là pour répondre à vos questions et il ne faut jamais hésiter à vous tourner vers eux pour élucider tout ce qui n’est pas clair pour vous. Les réponses aux questions que vous vous posez concernant la durée, l’après, le pronostic seront toujours hypothétiques : c’est malheureusement le propre de la réanimation d’être une période de grande incertitude. Nous essayons simplement dans cette section de vous apporter des éléments de compréhension que vous pourrez lire à tête reposée, mais qui bien entendu ne remplaceront pas vos échanges avec l’équipe de soin.

Différentes raisons peuvent expliquer l’état neurologique d’un patient de réanimation : 

 

  • Si la cause de l’admission en réanimation est neurologique (traumatisme crânien, autre lésion cérébrale, coma lié à la prise de médicaments, de drogues, d’alcool), il est probable que cela soit également la raison de son état neurologique actuel; 
  • Si la cause de l’admission en réanimation est un problème respiratoire ou neurologique, il est probable que votre proche ait été mis sous anesthésie générale pour protéger l’organe malade le temps de stabiliser la situation. 
  • Le réveil peut prendre du temps une fois les sédations (l’anesthésie) arrêtées : plus la phase de coma artificiel a été longue, et plus les organes chargés de l’élimination des molécules ont été touchés (reins, foie) plus le réveil sera long.
  • Il n’est pas rare pour les patients de réanimation de traverser des phases de delirium, où ils sont agités, perdus. Il est parfois nécessaire, pour les mettre en sécurité, de leur administrer des traitements pour diminuer cette agitation : ces traitements peuvent ralentir le retour à un état cognitif normal. 
 

Dans tous les cas, l’équipe soignante est présente pour répondre à vos questions : n’hésitez pas à les solliciter à leur poser toutes vos questions et à leur exprimer vos inquiétudes. Voir coma et anesthésie générale dans le glossaire

Les patients de réanimation donnent souvent à leur proche une drôle d’impression de familiarité et d’étrangeté à la fois. Le coma et la position allongée changent un peu les traits lorsqu’on a l’habitude de voir quelqu’un en action, qui réagit et qui parle. 

 

La sonde d’intubation, la sonde gastrique et les éléments qui les maintiennent en place peuvent modifier un peu le visage aussi : le cordon qui maintient la sonde d’intubation, par exemple, peut creuser un peu les joues.

 

Les oedèmes également peuvent modifier l’apparence du patient. Ils sont dûs à la grande quantité de liquides administrés au patient, nécessaires à la bonne dilution des différents traitements. Les oedèmes peuvent être extrêmement impressionnants à la phase initiale, mais il se résorbent bien dès que le patient va mieux. A noter que les oedèmes suivent la gravité : si le patient avec beaucoup d’oedèmes est posturé sur le ventre pour améliorer sa fonction respiratoire, le visage sera très oedémacié à la fin de la séance de « décubitus ventral ». La remise sur le dos permettra de faire repartir les oedèmes dans les tissus de la zone occipitale (l’arrière de la tête).

Cette question dépend vraiment des causes de l’intubation de votre proche. La meilleure chose à faire est de vous rapprocher de l’équipe soignante qui pourra vous donner une idée de la situation. Il est cependant très difficile de donner des estimations précises pour répondre à ce genre de questions, l’incertitude étant toujours très grande en réanimation. 

 

 

 

Le retour à l’autonomie respiratoire dépend de nombreux facteurs :

  • autonomie neurologique : qui dépend du réveil du patient,
  • traitement efficace de la cause initiale de l’insuffisance respiratoire,
  • rééducation active, permettant une 
  • récupération musculaire suffisante au niveau des muscles respiratoires mais également du tronc pour assurer une toux efficace,
  • absence d’infection type « pneumopathie acquise sous ventilation mécanique » (ou PAVM) :  une infection extrêmement fréquente qui touche les patients intubés et qui prolonge la durée du sevrage, 
  • le cas échéant, traitement de cette complication

Les patients, même sous anesthésie générale, ont toujours leurs oreilles fonctionnelles ! Ils entendent donc ce qu’il se passe autour d’eux, mais n’intègrent pas les informations comme nous, bien éveillés, pouvons le faire. Vos mots pourront être complètement oubliés ou peut-être intégrés au sein d’un rêve… Mais des paroles apaisantes dites sur un ton calme par une voix familière peut apporter du réconfort même au plus endormi des patients : n’hésitez pas ! 

La meilleure chose à faire reste encore de vous assurer que vos coordonnées figurent bien dans le dossier de soin : donnez à l’équipe soignante tous les numéros auxquels il est possible de vous joindre en cas de nécessité, et spécifiez bien si vous souhaitez être averti quelque soit l’heure du jour ou de la nuit, si c’est votre choix. N’hésitez pas également à entrer dans le détail avec l’équipe soignante de ce qui constitue pour vous ce « quelque chose » et à vous accorder sur le type d’informations que vous souhaitez recevoir sans limite d’horaires. Tout le monde n’a pas la même sensibilité et « ce qui va sans dire » va toujours mieux en le disant 🙂

Là encore, la meilleure solution pour recevoir les informations que vous souhaitez avoir reste d’en parler explicitement avec l’équipe soignante. Sachez cependant que la loi n’autorise pas à donner d’informations détaillées par téléphone pour des raisons de secret professionnel (au téléphone, on ne peut pas être certain de la personne à qui on s’adresse), et que pour des informations précises, il vaut mieux vous déplacer. 

Notez également que si l’information des proches concernant les événements majeurs reste une priorité pour les équipes soignantes, l’activité intense d’un service de réanimation, la priorisation des soins sur l’information des proches et l’urgence de certaines situations empêchent parfois les soignants d’avertir les proches aussi vite qu’ils le souhaiteraient. 

Vous pouvez bien entendu appeler dans le service de réanimation jour et nuit afin de vous rassurer sur la situation de votre proche. Cependant, notez que les soignants sont tenus par la loi de limiter ces informations téléphoniques à des généralités afin de préserver le secret professionnel : en effet, il n’est pas possible, par téléphone, de savoir de façon certaine à qui l’on parle. Si vous souhaitez des informations plus précises, il est recommandé de vous déplacer dans le service. 

Concernant des appels réguliers, pensez à vous accorder avec l’équipe soignante sur des horaires d’appel qui vous conviennent à vous mais qui limitent également les interruptions durant les soins. 

Enfin, il est recommandé de ne pas multiplier les interlocuteurs, là aussi pour limiter les interruptions durant les soins. 

Les éléments qui conditionnent la sortie de réanimation sont multiples. On rentre en réanimation lorsqu’un ou plusieurs organes sont défaillants. La sortie de réanimation dépend donc de la récupération de la fonction de ces organes. Il faudra que le patient soit sevré des différentes suppléances d’organes : la ventilation mécanique invasive (c’est à dire la ventilation mécanique administrée via la sonde d’intubation), les traitements intraveineux sensibles qui ne peuvent être administrés qu’en réanimation afin d’en assurer une surveillance rapprochée (par exemple la noradrénaline), la dialyse continue, etc. 

Une fois le patient sevré de ces suppléances, il faudra lui trouver une place dans un service d’aval avec un niveau d’aide adapté à son état pour le prendre en charge. Plus le patient est autonome, plus il est facile de le faire sortir, mais il est fréquent que la sortie de réanimation soit conditionnée par la libération d’un lit dans les services de soins de suite. 

Adapté à partir de Peigne, V., Chaize, M., Falissard, B., Kentish-Barnes, N., Rusinova, K., Megarbane, B., … Azoulay, E. (2011). Important questions asked by family members of intensive care unit patients*. Critical Care Medicine, 39(6), 1365–1371. doi:10.1097/CCM.0b013e3182120b68