L’admission en réanimation

L’admission en réanimation est un moment important et angoissant pour les proches qui doivent souvent attendre longtemps, parfois plusieurs heures avant de voir le patient ou de recevoir des informations de la part de l’équipe soignante. On vous explique pourquoi.

 

A l’admission d’un patient en réanimation, l’équipe va devoir installer le patient dans sa chambre, faire le point sur son état de santé, et l’équiper en fonction de ses besoins, c’est à dire mettre en place la surveillance et les éventuelles suppléances d’organes. Parfois, avant même d’arriver en réanimation, le patient peut passer par des salles d’examens : scanner, coronarographie ou salle de déchocage, où des premiers soins urgents lui seront délivrés. Cela allongera d’autant le temps d’attente des proches. En attendant qu’il soit possible de visiter le patient ou de parler avec l’équipe médicale, en tant que proche, vous pouvez commencer à remplir les formalités administratives afin de gagner un peu de temps : durant les heures ouvrables, vous pouvez vous diriger vers le secrétariat de la réanimation muni de la carte vitale, carte de mutuelle ainsi qu’une pièce d’identité de votre proche. Vous pouvez aussi rassembler les pièces d’informations que vous possédez, relatives à son état de santé : ordonnances, compte rendus médicaux et autres résultats d’examens récents.

 

De leur côté, une fois le patient arrivé dans sa chambre, les médecins vont l’examiner et (s’il peut répondre) lui poser toutes les questions nécessaires à l’évaluation la plus complète possible de la situation. Dans le même temps, les infirmier.e.s et les aide-soignant.e.s vont l’installer, le mettre en tenue d’hôpital, lui poser les électrodes de surveillance cardiaque, et effectuer un certain nombre de relevés : température, tension artérielle, prélèvements sanguins (prises de sang), parfois pose de sonde urinaire, etc. Pour le patient c’est parfois un moment un peu intense et un peu stressant : on va le passer de son brancard au lit, beaucoup de soignants vont s’activer autour de lui, réaliser de multiples gestes et lui poser de multiples questions. Le calme revient une fois que le patient est installé confortablement avec tous les appareils de surveillance connectés nécessaires à sa situation, et tous les bilans d’urgence réalisés.

 

La description qui suit concerne les patients les plus graves, qui présentent un choc (c’est à dire un état très grave lié à une hémorragie, une infection grave, une réaction allergique gravissime ou un problème lié à une défaillance du coeur), qui sont à risque important de passer en état de choc, ou qui arrivent dans le coma : tous les patients ne nécessitent pas tous ces soins, mais cela permet d’expliquer la durée souvent requise pour l’installation de ces patients.

 

Si le patient arrive intubé et sous respiration artificielle, une radio sera réalisée afin de vérifier la bonne position de la sonde et le respirateur sera adapté en fonction des examens sanguin (gaz du sang). Si le patient n’est pas intubé et qu’il le nécessite en urgence, la procédure est réalisée rapidement, mais peut malgré tout prendre du temps : il faut rassembler le matériel et une équipe de soin suffisante autour du patient, tout en expliquant la procédure, en recueillant son accord et en rassurant la personne si elle est consciente.

 

Si le patient le nécessite, on lui posera dans le même temps des cathéters : souvent un cathéter veineux central pour passer certains médicaments qui nécessitent une voie d’abord centrale sécurisée et un cathéter artériel pour surveiller en continu la pression artérielle (tension) du patient. Ces procédures se réalisent « en stérile », c’est à dire dans des conditions d’hygiène extrêmement strictes : le médecin doit se laver longuement les mains, s’habiller avec masque, calot et casaque stérile, puis installer les champs stériles, avant de commencer à poser le cathéter. Tout cela peut prendre un peu de temps, plusieurs dizaines de minutes par cathéter.

 

Une fois tout cela réalisé, les infirmier.e.s et les aide.s soignant.s vont rapidement ranger la chambre de réanimation et réinstaller le patient de façon à ce que la première vision des proches, en entrant dans cet espace, soit la moins traumatique et perturbante possible, pendant que les médecins récupèrent les résultats des prises de sang réalisés un peu plus tôt et font le point dans le dossier médical sur la situation et les éléments encore obscurs.

 

C’est seulement à ce moment là, une fois le patient installé et la situation aussi sécurisée que possible, que l’équipe va avoir le temps de rencontrer les proches, leur faire part de leur compréhension de la situation à l’instant T, avec les informations dont ils disposent, leur poser les questions qui restent en suspens, puis de les faire entrer dans la chambre.

 

Lors de cet entretien d’admission, il est utile pour les soignants de recueillir auprès des proches du patient un certain nombre d’informations clefs comme : ce que vous savez de la situation à l’heure actuelle et des éventuelles causes , mais aussi le traitement médical du patient (quels médicaments prend-il au quotidien ?), son mode de vie (quel travail fait-il s’il est actif ? s’il est retraité, que fait-il au quotidien? fume-t-il? a-t-il des addictions ? etc.), son niveau d’autonomie (est-il actif ? autonome dans la vie quotidienne ? a-t-il besoin d’aide pour certains aspects ?), s’il a des directives anticipées, mais aussi ses goûts, ses hobbies, bref tout ce qui permettra aux soignants de personnaliser au mieux la prise en charge.

 

Ce premier entretien comprend généralement encore une grande part d’incertitude : tous les résultats des examens ne sont pas encore revenus, toutes les hypothèses ne sont pas encore confirmées ou infirmées, et plus l’instabilité du patient est importante, plus grande est l’incertitude sur l’évolution des heures qui vont suivre. Cette incertitude est très difficile à vivre lorsqu’on est le proche d’un patient, et les soignants en ont bien conscience, mais n’ont généralement à ce stade pas les moyens de proposer des réponses définitives. Cette incertitude peut durer plusieurs jours, voire dans certains cas plusieurs semaines. Soyez néanmoins assurés que l’équipe soignante vous tiendra au courant de toutes les évolutions de la situation.