Il faut plusieurs mois voire parfois plus d’un an pour se rétablir complètement d’un passage en médecine intensive. Pendant ce temps, vous pourrez vous sentir très affaibli, fatigué au moindre effort et vous pourrez rencontrer des difficultés pour effectuer des tâches routinières comme vous habiller, vous déplacer et vous nourrir. Cette impression de perte d’indépendance est déroutante et peut être difficile à accepter. Le séjour en soins intensifs est une expérience difficile et intense qui laisse des marques malgré les précautions prises par les équipes soignantes pour vous accompagner au mieux. En savoir plus sur le vécu du patient en soins intensifs.
Hallucinations, cauchemars et flashbacks : Certains patients racontent faire (ou avoir fait pendant leur séjour) des rêves où ils sont prisonniers, torturés. Ces rêves sont probablement en lien avec l’impression d’impuissance durant le séjour en soins intensifs, les éventuelles contentions (attaches) utilisées pour éviter que les patients n’arrachent des cathéters et sondes nécessaires à leur survie, ou en lien avec les soins douloureux parfois effectués, etc.
D’autres patients racontent des rêves de voyages en bateau, ce qui est probablement en lien avec les sensations étranges d’être allongé sur un matelas à air, destiné à prévenir les escarres dû à l’alitement. Ces matelas gonflent et dégonflent en permanence et peuvent donner cette impression de voguer sur l’eau. Beaucoup de souvenirs dits “délirants” sont liés à des mots perçus pendant la phase de coma sans en comprendre le contexte.
En discutant avec les proches qui vous auront visité, ou si vous avez bénéficié d’un journal de bord, vous retrouverez peut-être des éléments qui vous permettront de mieux comprendre et de donner du sens à vos rêves de soins intensifs. Cela peut être très aidant de comprendre comment son esprit a construit ces rêves pas toujours agréables.
Vous pouvez ressentir de l’anxiété lorsque vous quittez les soins intensifs pour arriver dans un autre service, ou à l’idée de revenir à l’hôpital pour vos examens de suivi. Si ces symptômes sont trop handicapants, notamment pour votre suivi médical, il est important d’en parler. Ces symptômes sont courants, ils sont en lien avec ce moment de vie très intense qu’est une hospitalisation en médecine intensive. Vous n’en êtes pas responsable et de simples prescriptions d’anti-anxiolytiques peuvent beaucoup vous aider à surmonter cette phase difficile. Parlez-en à votre médecin traitant ou à l’équipe soignante qui s’occupe de vous.
Notez bien : Ces rêves étranges, ces flashbacks et ces sentiments de grande anxiété peuvent être des symptômes de stress post-traumatique (Post Traumatic Stress Disorder). Il est important d’en parler à vos proches et à votre médecin car plus un traitement est débuté tôt, plus il sera efficace. Vous pouvez aussi, si vous le souhaitez, compléter par une thérapie non médicamenteuse avec un praticien compétent : sophrologie, hypnose thérapeutique, psychothérapie… afin d’apprendre des méthodes simples qui vous aideront à traverser ces moments de manière plus apaisée. Votre médecin traitant pourra vous orienter vers un praticien de confiance.
Votre famille et vos proches ont vécu les semaines que vous avez passées en médecine intensive comme un moment intensément angoissant. A votre sortie, ils peuvent se montrer particulièrement protecteurs, voire surprotecteurs, ce qui peut être agréable mais aussi agaçant si vous êtes quelqu’un d’habituellement très indépendant. Une bonne communication de vos besoins (d’aide mais aussi de solitude et de calme) vous aidera à trouver un nouvel équilibre. Parlez-leur de ce que vous ressentez, et demandez-leur ce qu’ils ressentent et comment ils ont vécu la période de votre hospitalisation.
Cela vous aidera à mieux vous comprendre. Leur demander de vous raconter votre hospitalisation leur permettra aussi d’évacuer l’angoisse accumulée et vous permettra de mieux comprendre le temps nécessaire à votre récupération.
Témoignage de LaurieLe vécu des proches au réveil
Votre récupération passe par du repos et un sommeil régulier, mais il est possible que votre sommeil soit très morcelé dans les premiers temps. Votre rythme nycthéméral (rythme jour/nuit) a été fortement perturbé en médecine intensive à cause de la permanence des soins et des surveillances dont vous avez fait l’objet. Vous pouvez mettre plusieurs semaines à récupérer un sommeil normal. Évitez les cafés et le thé en fin de journée et privilégiez des activités calmes (lecture, radio) avant de vous coucher. Là encore, en cas de besoin, votre médecin traitant pourra vous aider.
Le ressenti d’un passage en soins intensifs est quelque chose de très personnel. Il peut varier d’un patient à l’autre. Certains seront inquiets de la suite de leur traitement, d’autres essaient d’oublier cette épreuve. Pour d’autres encore, avoir été si malade constitue une expérience traumatisante, qui demandera beaucoup de temps et de travail sur soi pour accepter. Certaines personnes ressentent le besoin de faire des changements dans leur vie ou de démarrer de nouveaux projets. Quelle que soit la façon dont vous réagissez à ce moment, votre ressenti est légitime.
Après votre sortie, vous pouvez avoir des questions sur votre séjour dans le service de médecine intensive. Certains hôpitaux vous proposeront un suivi clinique post-hospitalisation qui peut inclure une visite dans le service où vous avez été traité afin de revoir les personnes qui se sont occupées de vous et de comprendre ce qui vous est arrivé.
Cette idée de retourner en soins intensifs peut vous faire peur, attendez d’être prêt pour le faire mais cela vous permettra de comprendre ce qui s’est passé et ce que vous avez vécu.
Lire et relire le journal de bord écrit par vos proches pendant votre séjour vous aidera aussi à ressembler vos souvenirs, à retrouver la mémoire et donner du sens à ce que vous avez expérimenté lors de votre séjour en soins intensifs. Vous pouvez avoir envie de le lire seul ou peut-être vous sentirez-vous plus à l’aise d’être accompagné par un proche, qu’il soit simplement présent ou vous fasse la lecture à votre demande. Faites-vous accompagner si vous en ressentez le besoin.
Le journal de bord
Il est parfois utile de pouvoir partager ce que l’on a vécu avec d’autres personnes ayant eu un vécu similaire. Le réseau social Second Life a été conçu pour permettre aux anciens patients de soins inensifs d’échanger entre eux. Ce réseau sécurisé rassemble trois audiences : des anciens patients de soins intensifs, des proches de patients et des soignants, et permet des échanges au sein de “chaînes” ouvertes entre les trois populations ou fermées sur une seule de ces populations.
Le réseau social Second Life